Lingerie Fine

Publié le par Dr. Nevitch & Mad Hatter & Roger Milk

Préambule (de savon)


-La première qui bouge je la viole ? C'est ce que vous avez dit ? Il m'a demandé le type des mœurs..

-Texto: La première qui bouge je la viole, j'ai fait.

-Et ensuite?

-Ensuite? J'ai tout déballé, j'ai dit en passant mes mains derrière la tête.

-Seigneur Dieu !

 

Ce type n'avait pas l'air de comprendre l'état d'esprit qui m'animait à ce moment-là. C'était assez désagréable. Pourtant, rien n'était compliqué dans cette histoire: on était samedi, il faisait chaud j'avais cruellement besoin de fric, les filles avaient les jambes longues, les jupes courtes. C'était aussi simple que ça: J'avais cruellement besoin de fric.

 

 

 

Acte I

 

-Mon vieux, m'a fait Morse, vise un peu ça !

 

Et, joignant le geste à la parole, il a promené à travers la fumée bleu gauloises un petit complet corset-porte jarretelle, un brin compliqué mais sexy à mort. C'était d'une beauté à couper le souffle. Fin comme un émincé d'oignon dans une sauce aigre douce, joli comme tout. Il y avait même des petites attaches qui faisaient des cliquetis d'enfer. Et le tout qui virevoltait dans une lumière dorée, la vache ! Même Vivien Leigh n'aurait pas tenu une seconde face aux morceaux de tissu qui s'agitaient sous mon nez. Ce truc me filait la gaule, parole. Et j'imaginai TOUT A FAIT la peau laiteuse d'une rousse d'origine pénétrer la chose.

 

-Pffuiii! J'ai soufflé.

-Comme tu dis mon vieux. Comme tu dis. Et crois-moi, il y a du fric à se faire. Le moindre petit morceau de tissu destiné à être porté par une femme coûte une fortune.

-Rapport à l'odeur, j'ai demandé en sentant mes doigts.

-Aucune idée. Mais un truc de ce calibre va chercher dans les 200. Au bas mot. Crois moi Mad, il y a un filon à exploiter.

 

La Femme n'avait pas fini de rapporter du blé.

Voilà, l'idée m'est venue comme ça. Devant ce bout de tissu taillé pour accueillir un corps de femme et dévoiler gentiment un téton voire quelques poils roux, souligner un bourrelet, faire miroiter la raie d'un cul proéminent, imminent, imposant et dodu. Bénis soient la soie, le satin et toutes ces inventions formidables qui nous font encore croire à la beauté du monde.

 

Bref, ces trucs étaient conçus pour filer la trique et rapporter du blé. C'était aussi simple que ça. Et à partir de là, toucher une culotte de satin noir du bout des doigts revenait à culbuter une banquière. En tout cas, c'est de cette façon que j'envisageai les choses. Car si l'homme avait une morale il l'aurait définitivement perdue devant le spectacle magistral d'un popotin cerclé de dentelle noir.

 

 

 

Acte II

 

-Tu vois je suis un type pacifiste. Je peux pas utiliser ces trucs, j'ai dit.

-Prends au moins le .44, il a fait. C'est pas chiant et ça fait des trous de la taille d'une balle de base-ball.

-C'est sûr c'est pratique, j'ai dit. Mais il faut le faire dans les règles ce coup-là. Il faut y mettre de l'esthétique, une âme, une éthique. De l'art quoi. Tu comprends c'est pas une conne de banque que je vais me faire. C'est bien plus que ça. Crois moi. C'est le saint des saints que je vais me faire. Le Graal! Voilà de quoi il en retourne. Du Graal tout entier. Alors non, non. Le .44 Magnum on oublie. Il faut de la douceur, du bluff, de l'audace pour ce coup-là.

-On parle quand même d'un coup à deux cent mille. Tu crois que ça suffira ? Je veux dire faut assurer quand même.

-J'assurerai.

 

 

Acte III:

 

D'une façon générale, il est plus facile de faire un casse que d'avoir des rapports sexuels de qualité. Et je sais de quoi je parle :

Il était 15H32. J'ai avalé une pastille bleue. On était samedi et un soleil chaleureux me prenait par la main. J'étais confiant, sobre, barbu, beau d'une certaine façon (ma façon), les ongles courts, et les yeux verts. J'ai traversé la rue, baigné de soleil en sifflotant Heart of gold et une voiture à failli me renverser. Fais gaffe connard m'a dit le type. Et je suis entré, solennel, et en prenant une profonde respiration dans le Callipyge lingerie storeSpéciale grandes tailles/Lingeries fines import/export et peau de porc-. Il y avait pas foule là-dedans. Une dizaine de filles, pas un mec. Comme prévu. Les magasins de lingerie font peur aux homme, c'est un fait. Peur de la minorité, peur de rien y comprendre, peur de la perversion aussi, et de faufiler son regard entre les interstices béats des étoffes remplis à ras bord. Peur d'en voir trop et trop peu. Peur de devenir fou, comme ivre de rhum. Peur de flairer ça et là des hormones en pleine possession de leurs moyens. Et plus simplement peur des Femmes, de toutes les Femmes mais surtout des Rousses.

J'ai fait un tour en faisant celui qui n'a l'air de rien et qui est là pour se rincer l'oeil. Le cas classique, mais je voulais pas attirer l'attention. Je touchais des truc fins comme tout et d'autres durs et secs qui me foutaient la chair de poule, histoire de me chauffer. Je commençais à l'avoir mi-molle alors j'ai filé dans le rayon collants. J'en ai choisi un bien large, un 44 pour être sur de pouvoir passer ma tête dedans, un résille bien sûr pour bien voir au travers. Je l'ai passé dans une cabine d'essayage en faisant un petit clin d'oeil à une employée. Je commencer à avoir une gaule du tonnerre. J'ai respiré un bon coup. Il faut dire que j'en menais pas large, ma bite à la main, mon collant sur la tête.

SLATCH. J'ai tiré le rideau à toute berzingue et je suis entré dans l'arène comme un Ali un soir de combat. Je sautais d'une jambe sur l'autre. Elles avaient l'air terrorisées et j'aimais particulièrement ça.

 

-Mesdames ceci est un hold-up. Toi, La caisse fissa! Par terre! Par terre! Tout le monde par terre et la première qui bouge je la viole compris ?

 

Final:

 

-Attendez, attendez, a fait le flic. Elles ont fait quoi ?

-Elles ont toutes bougé.

-Toutes ?

-Oui oui.

-Combien il y en avait ?

-Une dizaine. Mais pas mal sont parties quand vous êtes arrivé.

-Pfffuiii!

-Comme vous dites.

 

 

Post-final:

 

-C'est quoi ce bordel ? a gueulé le flic. Vous êtes qui vous?

-Peu importe.

-Bon. Qu'est ce que vous voulez?

-J'étais dans le magasin de lingerie quand le type a fait le braquage. Je veux porter plainte.

-Pour viol ?

-Non! Justement! J'étais la première à bouger. La première. Et ce Mad Hatter à préférer une rousse laiteuse et dodue. Une rousse, vous vous rendez compte ? Je veux porter plainte. J'étais la première à bouger. La première vous m'entendez?

 

 

 

Le Chapelier Fou_


 

Publié dans D'la culture

Pour être informé des derniers articles, inscrivez vous :
Commenter cet article