Bowling for a rouquine

Publié le par Dr. Nevitch & Mad Hatter & Roger Milk

 

-Tu me connais, c'est pas que je sois quelqu'un de franchement raffiné, c'est juste que...

-C'est à toi de jouer. J'ai dit.

-Il me semble qu'on vit une époque terrible: il y a la prostitution, les cotations en bourses, Isabelle Giordano, les armes semi-automatiques, le massacre de la forêt...

-Nom de Dieu, Vlad, c'est à toi de jouer, j'ai gueulé en posant ma bière à côté de la table et en aspergeant gentiment le parquet ciré.

-Quoi ?

-C'est à toi de jouer !

-Formidable !


Vlad n'avait rien d'un esthète et rien que de voir sa gueule pouvait vous flanquer le mal de mer; mais lorsqu'il était question de bowling... Alors là... Ouais, croyez moi, il n'y avait rien à redire, en matière de bowling Vlad valait son pesant de cacahuète.

Malgré tout, personne ne faisait attention au miracle qui s'annonçait sur la piste n°3: la musique crachouillait une mauvaise reprise du king et un vieux type en soutane se curait le nez avec son index. Vlad tenait sa bille comme vous caresseriez le cul d'une grosse mama mexicaine, s'il vous était donné d'aller poser vos miches dans un bordel de Guadalajara et pour ma part, je m'arrosais copieusement la panse en reluquant avidement les cannes d'une rouquine piste n° 4. Ce jeu m'ouvrais les chakras avec l'élégance d'un fist-fucking. Heureusement, il y avait cette nana, des bières abordables et rien de terrible à la télévision ce soir là. Ca me donnait l'impression de pas perdre complètement mon temps. La rouquine me faisait de l'œil en biais et j'aimais particulièrement ça. D'autant qu'elle été designé façon Disney land, avec un cul en oreilles de mickey et des yeux façon Betty Boop. Avec ce que j'avais dans l'estomac, je me sentais capable de prouesses techniques à couper le souffle. La testostérone me coulait de partout et j'aurais pu coller une rouste au bon dieu s'il s'était dressé sur mon chemin.

-C'est à toi de jouer!

Ajoutez à ça, qu'elle avait un haut tout blanc plaqué sur ses nichons et ça me faisait penser à un barrage de castor sur le point de céder. Je n'avais qu'un idée en tête, fermer les yeux et attendre que la pression du silicone fasse son œuvre. Seigneur Dieu! Dessiner une nana avec des obus pareille relevait de la magie pure. 450cm³ de bonheur cumulé, au bas mot.


-Mad, saint mère, c'est à toi de jouer.


Je me suis exécuté et j'ai lancé le bazar en pensant à autre chose si bien que la bille est allé s'encastrer directement dans la tête d'une petit vieille qui s'étouffait avec une pistache bon marché. J'ai levé la main en disant « 'scuzez moi » et je suis allé chercher des bières pour tout le monde. Les boules et les canettes ont continué de fuser pendant une petite heure et au bout du compte j'étais tellement rincé que la rouquine m'a filé entre les doigts. Les choses se passent souvent de cette façon. Il suffit d'un moment d'inattention, d'une gorgé mal orientée et votre pote se tire avec la rouquine. Bien des guerres ont débuté comme ça. Mais, étant d'un naturel feignant, j'ai préféré me coller serrer contre le comptoir à me remplir le gosier de houblons à 9°.


Il devait faire nuit quand j'ai émergé. Ou alors les rideaux était tirés. Toujours est-il que j'avais une gueule de bois massif avec une sonnerie de téléphone à l'intérieur. J'ai décroché le combiné:

-Allez vous faire foutre, j'ai dis.

-Mad ?

-Lui même, mais il faut que je me rabote. Ma tête pèse une tonne.

-Mad, Tu te souviens la rouquine ?


J'ai raccroché et j'ai été récupérer une hachette dans le frigo. J'ai taillé du mieux que j'ai pu et j'ai éclusé une vodka pour polir les angles. Le résultat était à la hauteur. Quoi qu'un peu anguleux. J'ai donc logiquement éclusé une autre vodka pour fignoler. Finalement la bouteille y est passé et il y avait des copeaux partout. J'ai ouvert les rideaux, il faisait jour. J'ai fermé les rideaux et il a fait nuit. Il me semblait que les choses allait de mieux en mieux et j'ai commencé un papier sur l'art et la manière de polir le bois à l'alcool de patate dans un environnement hostile.

On a frappé à la porte au moment ou j'allumais une clope. Ca m'a envoyé directement sur les chiottes. (La clope, pas la porte). J'ai lâché un premier truc avant de gueuler « Il est sorti ». Le type est entré et Vlad s'est mis à parler avec un débit de Kalachnikov.

-Mad ? Mad tu te souviens cette rouquine. Celle du bowling! Tu te rappelles de ça. Des cannes pas possible et un cul en oreille de mickey. Tu voies de qui je parle ?


J'ai tiré la chasse et j'ai rejoins Vlad dans le salon.

-Vlad tu me dois une rouquine, j'ai dis en faisant du café.

-Mad. Ecoute. Cette nana était même pas vierge ! Je te l'ai toujours dis, on vit une époque terrible.

-Cette nenette avait presque 50 ans, à quoi tu t'attendais ?

-Aucune idée. Mais tu sais comme c'est important pour les gens de ma race, les vierges. Je veux dire, je pourrais pas sucer des gamines, toute ma vie. Je vais finir par en crever moi! Regarde ma peau, regarde ça! Je me flétrie de jour en jour. Il me faut de l'hormone, de l'hormone pure. Tu peux comprends ça ? Et avec cette époque à la con, pas même une rouquine potable à se mettre sous la dent.

-Essaies le rouquin.

-Tu me fais marrer, tiens.

-Tu veux du café ? J'ai demandé.

-Oui. Merci.

-Je t'en pris.

-C'est vrai, dans le temps les filles étaient grasses, portaient des corsets, des livres entières de jupes à volant. Il fallait en vouloir pour les culbuter. Ca laissait un peu de place pour les types mort de faim de mon espèce. Maintenant, les mini-jupes, tous ça. Le viol se banalise. Crois moi, ton époque pu la mort. Vous ne deviendrez jamais une grande civilisation si vous continuez dans cette direction. Ajoute à ça que le réchauffement climatique ne va rien arranger. Imagine un climat chaud et humide. CHAUD ET HUMIDE. Vous allez me faire crever avec vos conneries de mœurs légères, de libération de la femme, vos contraceptifs et votre réchauffement climatique. Putain de beatniks que vous êtes.

-Je la trouve pas si mal cette époque. Ca fera pas, c'est sûr, une grande civilisation. Mais qu'est ce qu'on en a à foutre. Avoir une GRANDE civilisation n'a jamais été aussi bandant que d'avoir une jolie fille sur les genoux.

-Tu fais chier Mad, jamais on peux discuter de truc sérieux avec toi!

-Qu'est ce que tu fout ici alors ?

-Je te dis adieu.

-Tu pars?

-Je pars!

-Ou?

-En Iran.

-Bien.

-Bien.


Il m'a taxé une bière pour la route et s'est transformé en chauve souris. Putain de vampire, jamais ils ne comprendront l'intérêt d'une civilisation décadente. Je suis retourné à mon papier et Vlad a claqué la porte en sortant. Nom de nom, je me suis dis, cette rouquine était vraiment au poil. On vit vraiment une époque terrible.

 

 

Mad atterre.

Publié dans D'la culture

Pour être informé des derniers articles, inscrivez vous :
Commenter cet article